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Après les funestres conséquences de la guerre de 1870, certains villages sont situés à quelques kilomètres de la nouvelle frontière, en Lorraine non annexée. Les habitants vivent dans la paix et le travail. 

Le village Lorrain autrefois 

Mon village, c'était ça !
  Le village, aux maisons serrées de chaque côté de l’unique grande rue, est entouré de jardins clos de murs de pierres sèches et de vergers. Cette voie très large est bordée par les USOIRS. Ce mot de vieux français désignait essentiellement en Lorraine le large espace situé entre la rue et les maisons collées les unes aux autres. sur lesquels s’entassent le bois de chauffage et le fumier, se rangent les voitures et le matériel agricole.

 

L'usoir

L'église de mon village :

 L'église de mon village est modeste. Elle a été construite par un architecte qui s'est inspiré de l'art roman.
 Ses ouvertures sont en plein cintre. Son clocher carré, au toit pyramidal précède une nef unique sans bas côté, ni transept. Le chevet est plat et le plafond est en bois.
 
 Une foi commune rassemble toute la population à l’église tous les dimanches et les jours de fête.Les gens du village forment une grande famille partageant joies et peines, qualités et défauts.
 Elle s'élève au milieu d'un petit cimetière.
 Au fond, l'ossuaire s'appuie sur la façade latérale.
 De l'autre côté, la sacristie s'ouvre à la fois sur l'église et sur la petite cour du presbytère.
 L'église est très importante dans le village.
 Elle préside aux grand moments de notre vie : bâptèmes, mariage, enterrements.
 La voix de ses cloches rythme chaque jour la vie du village. Les différentes sonneries produites par les cloches est un point de repère pour les villageois.
 

La maison du manoeuvre :

 C'est la maison la plus ancienne du village. La cuisine placée au centre possède une unique fenêtre. Sa cheminée chauffe aussi la belle-chambre grâce à la plaque de fonte tapissant le fond de l'âtre. On y brûle des fagots, la fumée est évacuée par la cheminée. Une grande cheminée occupe tout un mur de la chambre à four. Au centre le chaudron, dans lequel cuit la nourriture des cochons, est suspendu à une crémaillère. L'entrée de la grange est cintrée.  Les animaux utilisent cette ouverture pour gagner la rue. Au dessus de l'habitation et de l'étable se situe le grenier.
Une seule travée 
Deux travées 

La maison du berger :

 La maison habitée par le berger appartient à la commune. Elle est étroite de façade mais très profonde, ne comporte qu’une travée et ne comprend que deux pièces d’habitation et une écurie.

 Un long couloir, étroit et sombre, traverse la maison de part en part.
 La chambre à coucher donne sur la rue. La cuisine est située au centre de la maison. C’est une pièce borgne qui prend le jour grâce à une porte vitrée et un vitrage percé dans le mur séparant la cuisine et la chambre.
 Sous le vitrage, la pierre à eau. A droite, la pompe qui va chercher l’eau dans le puits creusé dans la cave. On descend à la cave par une trappe située dans le plancher de la cuisine.
 Le grenier s’étend au-dessus des pièces d’habitation et en partie sur l’écurie. La gerbière, percée au-dessus de la porte d’entrée permet de monter foin et paille. Dans l’écurie, une échelle monte au grenier. Par l’ouverture on jette le fourrage et la litière destinés au bétail. 

La ferme :

La ferme est la bâtisse la plus imposante.

 

Elle comprend quatre travées :

  • - La travée habitation avec en enfilade, la belle chambre, la cuisine éclairée par une fenêtre donnant sur le chemin des Loges, la chambre de derrière et deux chambres au premier étage dont une chambre à grain ;

  • - La travée écurie est très large ; il faut loger les chevaux et les poulains. L’écurie comprend deux rangées de stalles séparées par une allée centrale. Le domestique couche au fond. La chambre à four, le poulailler et le clapier donnent sur la cour.

  • - La travée grange occupe toute la largeur de la maison.

  • - La travée étable comporte l’étable et le manège qui, animé par des chevaux, actionne la machine à battre. Enfin, dans la cour, la porcherie.

 

Le linteau de la porte d’entrée est surmonté par une petite niche sculptée et le claveau, au milieu du cintre de la grange, porte le millésime, date de construction de la maison.

La maison communale ; Mairie-Ecole :

 C’est un grand bâtiment donnant sur la rue. Derrière, la cour de récréation, plantée de quelques arbres, est bruyante aux heures de récréation et de rentrée. Les élèves entrent par la porte s’ouvrant sur le chemin des Loges. Les grandes personnes montent les quelques marches de l’escalier monumental et entrent dans le couloir où s’alignent les porte-manteaux. A gauche, la salle de mairie. A droite, la salle de classe. Elle est bien éclairée par plusieurs fenêtres. En général, il y a deux rangées de bancs de cinq places. Le pupitre du maître est sur une estrade. Le tableau est noir.
 L’armoire-bibliothèque existe ainsi qu’un boulier-compteur. Il ne faut pas oublier le gros fourneau de fonte qui brûle les grosses bûches que les élèves de service vont chercher dans le bûcher au fond de la cour. La cuisine de Monsieur l’Instituteur est située au rez-de-chaussée et les autres pièces au premier étage que l’on gagne en empruntant l’escalier. Le maître d’école a durant toute sa carrière fait la classe, le greffe, tenu l’harmonium, remonté l’horloge, été le confident et le conseiller de toute la population.

L'auberge-épicerie :

 C’est le lieu où se rencontrent les habitants. On s’y sent chez soi et on y apprend les dernières nouvelles en faisant ses achats ou en buvant un coup. Sans son enseigne peinte en capitales noires, rien ne la distingue des autres maisons. On pousse la porte d’entrée et nous voici dans le corridor.
 A droite, l’épicerie. A gauche la salle d’auberge. L’aubergiste voit arriver ses clientes par la porte vitrée de la cuisine et entend le brimbalement de la clochette. Dans le cellier, contiguë à la salle de débit de boissons, la trappe permet de descendre à la cave. On peut loger chez l’aubergiste ; le voyageur peut se restaurer, dormir, remiser sa voiture, abriter sa monture. Le repas servi est souvent une omelette, du jambon fumé, un lapin en gibelotte et des légumes du jardin. Le dimanche, le jeu de quilles réunit hommes et jeunes gens. En semaine, l’épicier ravitaille les villages environnants.

Le lavoir-abreuvoir :

Présent au sein de chaque village, le lavoir-abreuvoir est utilisé au quotidien.

La vie dans mon village d'antan

  Les terres labourées produisent selon les saisons des céréales, des pommes de terre et des betteraves. Les troupeaux nourris dans les prés fournissent lait, beurre et fromages, la forêt le bois de chauffage et les vignes, tournées au soleil levant, de quoi satisfaire la consommation familiale en petit vin gris fort agréable. Mon village ne doit rien à personne et peut vivre des produits de son sol et du fruit du travail de ses habitants. Chacun joue un rôle utile à tous.
 Quelques laboureurs possèdent la plus grande partie du BAN. Dans certaines communes, un arrêté municipal fixe la date à laquelle peuvent être exécutés certains travaux agricoles (ban de moisson, ban de fauchaison…).  
 Les manÅ“uvres travaillent pour eux, mais en contre-partie, les laboureurs prêtent à leurs manÅ“uvres leurs attelages et leur matériel pour travailler leurs terres personnelles.  
Ils renforcent la main d’œuvre au moment du travail de la terre par la conduite des charrues. Pui, le maître leur prête ses attelages pour cultiver leurs propres terrains. Ils appartiennent presque à la famille.Avec patience et entêtement, ils réussissent à économiser un peu d’argent et à acquérir des champs pour devenir de petits laboureurs et à gagner leur indépendance. Parfois certains manœuvres possèdent déjà du matériel et des bêtes. Le cheval et la longue voiture lorraine à échelles qui lui permet de rentrer ses denrée : foin, céréales et le bois de chauffage qu’il fait l’hiver dans la forêt. Souvent ils utilisent la hotte ou la brouette. Le bétail élevé sert à sa propre consommation ou à la vente chez le boucher.
 Le berger communal garde le troupeau constitué par les bêtes de chacun et le fait paître sur les terrains appartenant à tous.Chaque famille bénéficie de portions communales et la pratique de l’affouage leur assure, chaque année, leur bois de chauffage. 
 Celui-ci, souvent célibataire, habite la plus petite maison du village, propriété communale. Il n’est pas très riche et possède un chien, un porc, une chèvre et un bouc.Tous les matins, il traverse le village en jouant du clairon afin de rassembler cochons, chèvres et moutons de toutes les écuries. Il les conduit paître dans les prés et les champs et sur les terres en jachère accompagné de son chien. Afin de pouvoir parcourir la totalité du ban en toute liberté, il est interdit aux propriétaires de clore leurs terrains. Le soir, le troupeau est ramené au village.Le berger est rémunéré (en argent et en nature) à la fois par la commune et par les propriétaires des bêtes. Il est également le tueur de cochons et le fossoyeur.
 La servante soigne la volaille mais aussi trait les vaches et s’occupe des porcs pour qui elle cuit des pommes de terre. Tous les matins les porcs sont emmenés par le berger communal qui les ramène avant la grosse chaleur de l’après-midi car ils craignent le soleil. La servante accomplit les tâches ménagères, coule la lessive, cultive le potager et donne un précieux coup de main au moment de la fenaison, de la moisson et de la récolte des pommes de terre. Elle dort dans la cuisine.
 Le commis couche au fond de l’écurie, se lève à quatre heures du matin pour soigner les chevaux, souvent à la lanterne.
La plupart des femmes recueillies dans leur famille suite à un veuvage…prennent part aux travaux de couture. Elle doit se contenter de coudre des robes de MISELAINE ou de DROGUET, des blouses de toile et des SARRAUX d’écoliers.
 L’unique commerce local est l’auberge-épicerie. Les hommes fréquentent généralement l’auberge que le dimanche, après les offices et dans la soirée, ce qui permet à l’aubergiste d’aller vendre de l’épicerie dans les villages voisins quel que soit le temps.
 A l’auberge, dans la fumée des pipes et le brouhaha des conversations, les hommes sont heureux de se retrouver. Devant un bock ou un canon de blanc, on parle des travaux des champs, des nouvelles du pays et de la politique. L’hiver, on y fait d’interminables parties de cartes. Les après-midi d’été, le long du pignon de la maison, les joueurs en bras de chemise, jouent aux quilles au milieu des cris et des rires. On trouve de tout à l’épicerie, sauf des légumes et des fruits car chacun en produit dans son jardin ou son verger. Vous trouverez des pains de sucre enveloppés dans du papier, du gros sel, des lentilles, des pois cassés, du café que l’épicière reçoit vert et qu’elle torréfie elle-même dans son grilloir. On y achète des cristaux de soude, indispensable au lavage de la vaisselle grasse et du linge sale, des barres de savon de Marseille que l’on fait sécher chez soi, au dessus d’une armoire et que l’on coupe ensuite à l’aide d’un fil de fer. Durant le Carême règnent les harengs salés, serrés dans leur CAQUE et la morue sèche, blanche de sel, rigide et plate, à l’odeur forte et tenace. Quelques bocaux contiennent des bonbons de menthe, ils font oublier aux enfants le goût désagréable de l’huile de foie de morue utilisée pour assurer la santé pour les longs mois d’hiver. Tout au long de l’année, on peut acheter de petits fagots de bois de réglisse et du sucre candi. A l’approche de Pâques arrivent de petits Å“ufs en sucre. Mais, on trouve également du pétrole pour alimenter les lampes, des pelotes de ficelle, des balais de crin, quelques objets de quincaillerie, des clous pour clouter sabots et souliers. le temps.

Sylvie MEYER
2012
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